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ILERI-Défense

Clinton tente d'obtenir le feu vert d'Alger à une intervention au Mali

30 Octobre 2012 , Rédigé par ileridefense Publié dans #Afrique

La visite de Hillary Clinton en Algérie était aussi courte qu’essentielle dans la résolution internationale de la crise au Nord-Mali, lundi 29 octobre. La secrétaire d’État américaine a dû déployer une stratégie tout en finesse pour approcher cet acteur essentiel du Maghreb, qui pourrait potentiellement jouer les trouble-fête en cas d’intervention militaire dans le nord du Mali. Hillary Clinton a rencontré le président Abdelaziz Bouteflika pour parler de "la question générale d’Aqmi" (al-Qaïda au Maghreb islamique) et tenter de convaincre l’Algérie de soutenir les efforts de la communauté internationale contre les combattants islamistes du Mali.

Depuis le printemps 2012, profitant de la vacance du pouvoir à Bamako à la suite d’un coup d’État militaire, plusieurs groupes islamistes, dont des militants d’Aqmi, ont pris le contrôle de la moitié nord du Mali

 

Ce déplacement de la secrétaire d’État à Alger intervient trois mois après celui du chef de la diplomatie française Laurent Fabius, et avant la visite du président français, François Hollande, prévue en décembre. Ce ballet diplomatique démontre à quel point l’appui de l’Algérie est primordial pour mettre en œuvre le plan de bataille au Nord-Mali, approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies le 12 octobre dernier.

"L’Algérie est certainement l’acteur le plus important de la région", explique Riccardo Fabiani, analyste de l’Afrique du Nord au centre de recherche Eurasia Group basé à New York. "Les États-Unis et la France travaillent dans le même sens : s’assurer que l’Algérie n’est pas en train de semer des obstacles sur le chemin d’une intervention, que ce soit de façon active ou passive".

 

Des liens complexes avec les Touaregs

Puissance majeure du Maghreb, l'Algérie a développé une grande expertise du Sahel, cette zone subsaharienne intégrant notamment des territoires algériens, mauritaniens, maliens et nigériens.

L’Algérie partage avec le Mali une frontière longue de quelque 1 300 kilomètres, et entretient des rapports complexes avec les acteurs de la région, notamment avec les Touaregs. Pays rival du Libyen Mouammar Kadhafi, il a longtemps cherché à faire contrepoids aux ambitions régionales de l’ex-homme fort de Tripoli.

Or la chute du régime libyen, en 2011, a abouti à une redistribution des cartes dans la région : des combattants touaregs ont fui la Libye pour se réfugier au Niger et au Mali, tandis que des quantités d’armements ont circulé, notamment entre les mains de groupes armés islamistes.

Depuis, l’Algérie s’est toujours montrée sceptique face à toute velléité d'intervention militaire internationale au nord de l’Afrique. Elle s’est opposée, l'an dernier, à l’intervention des pays de l’Otan en Libye et a mis en garde contre toute opération militaire hâtive au Mali.

"La position algérienne est très claire : elle veut éviter toute possibilité d’une intervention militaire. Les Algériens ne souhaitent pas voir débarquer des troupes étrangères dans la région", insiste Riccardo Fabiani, rappellant qu'Alger a joué, au début du mois, un rôle d’intermédiaire entre Bamako et les militants islamistes d'Ansar Dine, pour tenter de trouver une solution négociée à la crise.

L'Algérie "se fait à l’idée, petit à petit"

Lors de son entrevue avec Hillary Clinton, le président Abdelaziz Bouteflika n'aura pas manqué de faire part de ses réticences. À l'issue de leur rencontre, la secrétaire d’État américaine a affirmé avoir "beaucoup apprécié l’analyse du président [Bouteflika], basée sur sa longue connaissance des multiples facteurs qui compliquent la sécurité dans cette région, en proie au terrorisme et au trafic de drogue."

Ensemble, l’Algérie et les États-Unis se sont engagés à poursuivre les discussions avec les Nations unies et les États africains, a poursuivi Hillary Clinton, "pour déterminer quelle est l’approche la plus efficace". La délégation de négociateurs diplomatiques américains qui accompagnait la secrétaire d’État a précisé que l’Algérie "se faisait petit à petit à l’idée" d’une intervention militaire au Mali. Pour leur part, les autorités algériennes n'ont fait aucun commentaire à l'issue de la visite.

D’après la résolution votée au Conseil de sécurité de l’ONU le 12 octobre dernier, les pays de la Cédéao - Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, dont ne fait pas partie l’Algérie -, doivent élaborer d’ici le 26 novembre un plan d’action au Mali. Une intervention militaire pourrait mobiliser 3 000 soldats issus des pays de la Cédéao, aidés du point de vue logistique par la France et les États-Unis. S'il est peu probable que l’Algérie envoie ses propres troupes au Mali, elle pourrait en revanche apporter une aide précieuse aux forces de la Cédéao en mettant à sa disposition les connaissances de ses services secrets.

 

France 24

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