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ILERI-Défense

Afghanistan : après le retrait de l'OTAN, quels défis pour le pays ?

2 Janvier 2015 , Rédigé par ileridefense Publié dans #Asie

Afghanistan : après le retrait de l'OTAN, quels défis pour le pays ?

La mission de combat de l'Otan en Afghanistan vient de s'achever après 13 années de présence. Les talibans afghans qualifient l'événement de "défaite" pour la coalition. Ils restent une menace importante pour le pays qui va désormais devoir affronter seul leur insurrection. Selon un rapport américain, le retrait des troupes internationales s'accompagne également de conséquences pour la reconstruction du pays.

13 ans de guerre, 140 000 soldats déployés au plus fort de l'intervention en 2011, des dizaines de milliers de morts civils et militaires... c'est le bilan de l'intervention de l'Isaf, la force de combat de l'Otan en Afghanistan. Une mission qui s'est achevée, dimanche 28 décembre, lors d'une cérémonie formelle à Kaboul. Dans un communiqué, le président américain, Barack Obama, a salué la fin de l'intervention tout en mettant en garde contre les dangers persistants dans ce pays.

En effet, si l'Isaf a baissé son drapeau, les talibans, eux, n'ont pas posé les armes. Les récentes violences, notamment à Kaboul, ont d'ailleurs souligné l'impossibilité pour la force internationale de venir à bout de l'insurrection des talibans. "Les islamistes armés n'ont jamais paru si présents, affirme Christophe Lucet de Sud-Ouest. Ecrasés en 2001, éparpillés, pourchassés, leurs chefs traqués par les drones jusque dans leurs nids d'aigles et leurs repaires des zones tribales du Pakistan, les talibans ne se sont pas contentés de résister aux efforts conjoints des soldats occidentaux et afghans : ils ont multiplié les coups de main et les attentats meurtriers jusqu'au coeur de la capitale. Et, à l'heure où Obama sonne le rappel des troupes, ils sont assez puissants pour rendre crédible le scénario d'une reconquête".

En effet, l'absence de troupes de combat dans le sud afghan notamment, fief des talibans, pourraient encourager les ambitions militaires des talibans. Conscients qu'ils représentent la principale menace à la stabilité du pays, par ailleurs en pleine crise économique et en proie à une instabilité politique chronique, ils n'entendent pas pour le moment participer à des pourparlers de paix avec le gouvernement d'Ashraf Ghani, le nouveau président investi en septembre 2014. Les insurgés ont fait savoir depuis plusieurs mois qu'ils ne rejoindraient pas la table des négociations tant qu'il y aurait des soldats étrangers sur le sol afghan.

Face à cette menace, les autorités afghanes vont devoir prendre le relais de l'Isaf. Un défi à la hauteur de la menace qui pèse sur l'Afghanistan.

Assurer la sécurité

A ce jour, les forces de sécurité afghanes, police et armée, totalisent 350.000 hommes. Elles ont subi en 2014 des pertes sans précédent, environ 4.600 morts au cours des 10 premiers mois. Le manque d'entraînement, l'équipement parfois obsolète ou encore le manque de couverture aérienne efficace, explique en partie l'hécatombe face à une insurrection terroriste particulièrement vive au cours de la dernière saison estivale des combats.

En effet, "si les officiers de l'armée afghane sont bien formés, au contraire, les recrues "de base" sont souvent illettrées et ont beaucoup de mal à recevoir une formation efficace au niveau du maniement des armes, de l'entretien des armes... Beaucoup ne savent même pas lire les modes d'emploi", explique Georges Lefeuvre, consultant et spécialiste de l'Afghanistan et du Pakistan. Il ajoute : "Et surtout, il y a énormément de désertions : environ 15 % par an. Cette année environ 35 000 soldats ont déserté. (...) Beaucoup des jeunes recrues n'ont pas un sentiment national très développé. Pour eux, le village, la famille, la tribu, l'ethnie sont plus importants que la nation".

La saison des combats de 2015 pourrait donc s'avérer un véritable test pour l'armée afghane, même si les Américains ont prévu d'intervenir en cas d'avance rapide des talibans. "On saura dans les tout prochains mois si le pouvoir en place pourra résister aux assauts des talibans, sans le secours des troupes et des avions de l'OTAN. On peut sérieusement en douter", écrit Patrice Chabanet dans son édito du Journal de la Haute-Marne.

Reconstruire le pays

Corruption, drogue, fragilité de l'Etat de droit et de l'armée afghane, soutien financier international en baisse...les Etats-Unis ont identifié sept "zones à haut risque" en Afghanistan pour l'après-retrait des forces internationales. Ce rapport publié début décembre a été effectué par John Sopko, l'Inspecteur général pour la reconstruction en Afghanistan (SIGAR), un organisme américain.

"Le Sigar cherche à identifier et à traiter les problèmes systémiques auxquels est confrontée la reconstruction (de l'Afghanistan) financée par les Etats-Unis", souligne le rapport de cet inspecteur général indépendant chargé depuis 2008 de surveiller l'allocation des milliards de dollars investis par les Etats-unis pour tenter de remettre sur pieds l'Afghanistan. Voici quelques points-clés du rapport.

Corruption et Etat de droit : John Sopko se demande dans son rapport si le département d'Etat dispose d'une stratégie anti-corruption, notamment au sein du gouvernement afghan.

Investissements : l'essentiel des quelques 104 milliards de dollars que les Etats-Unis ont dépensé depuis fin 2001 pourraient être perdu "parce que les Afghans ne sont pas en mesure d'entretenir cet investissement sans la poursuite d'un soutien massif des donateurs", s'alarme le Sugar, citant notamment les secteurs cruciaux de l'énergie et de la santé.

Vulnérabilité des forces de sécurité : quelques 62 milliards de dollars ont été investis par Washington pour bâtir des forces armées et de sécurité afghanes. Mais sans le maintien d'une mission de formation et d'entraînement, cet investissement militaire risque de partir en fumée.

Assistance financière directe : depuis 2010, les Etats-Unis et d'autres donateurs étrangers ont remplacé les contrats et les prêts par une aide directe à Kaboul. Le Sigar redoute que les autorités afghanes soient incapables de gérer ces flux d'argent et réclame un resserrement des contrôles.

Trafic de drogue : il profite aux talibans ainsi que d'autres groupes d'insurgés ou criminels. Malgré une décennie coûteuse en programmes anti-narcotiques, les Nations unies ont noté en 2014 un nouveau record de culture d'opium. Parallèlement, l'économie du pays sous perfusion internationale depuis 2001 risque de pâtir de la baisse des investissements étrangers."L'expansion de la culture et du trafic de drogue met en danger l'ensemble des investissements pour la reconstruction de l'Afghanistan", estime le SIGAR.

"A double tranchant"

Pour poursuivre la formation de l'armée afghane, un contingent de 12 500 hommes sera déployé dès le 1er janvier 2015. La mission s'appelle "Soutien résolu". "Sans ces 13 000 hommes, la sécurité du pays se dégraderait. En effet, si le président afghan Ashraf Ghani n'avait pas signé cet accord bilatéral de sécurité, les Américains avaient prévenu que ce serait l'"option zéro", comme en Irak. Cela signifie : "si vous voulez qu'en s'en aille, on s'en va, mais vous n'aurez plus un centime", explique Georges Lefeuvre. "Or, avec 330 000 hommes, il faut beaucoup d'argent pour payer les salaires. Les USA dépensent 4 milliards de dollars par an pour soutenir l'armée afghane. D'un côté, l'accord permet une certaine sécurité du pays d'un autre côté, les talibans ne veulent pas négocier tant qu'il reste des soldats étrangers sur le sol afghan. C'est une ambiguïté terrible".

http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/Afghanistan-2014/p-29920-Afghanistan-apres-le-retrait-de-l-OTAN-quels-defis-pour-le-pays-.htm

Source : TV5monde.com

Relayé par : Philippine Sottas.

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