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ILERI-Défense

"Kairos", le lien public-privé du renseignement français

5 Novembre 2013 , Rédigé par ileridefense Publié dans #cyberguerre - cybercriminalité, #France

"Kairos", le lien public-privé du renseignement français

La technologie de Qosmos, une petite start-up française à la pointe dans l'extraction des métadonnées, intéresse les services secrets français. "Seule la technologie Qosmos fournit les applications en temps réel qui permettent d'identifier plus de 97 % du trafic et d'en extraire des métadonnées détaillées", indique fièrement l'entreprise. Qosmos travaille depuis 2007 avec le renseignement, dans le cadre d'un projet appelé "Kairos" –– le "moment opportun" chez les Grecs de l'Antiquité.

Kairos était un dieu représenté par un jeune homme avec une touffe de cheveux sur la tête. Quand il passait à proximité, soit on ne le voyait pas, soit on ne faisait rien, soit on attrapait ses cheveux et on saisissait l'opportunité. Qosmos préfère évidemment la première solution.

Une Kairos Business Unit, au sein de la division recherche et développement de Qosmos, garantissait encore en 2012 la présence d'ingénieurs trois jours par semaine dans des lieux secrets, "encadrés par des militaires", a indiqué James Dunne, un ancien salarié de Qosmos. "Nos contrats commerciaux sont soumis à des obligations de confidentialité", répète au Monde le PDG de l'entreprise, Thibaut Bechetoille, qui se dit "dans l'impossibilité" de commenter cette affirmation.

SECRET DE POLICHINELLE

Mais la collaboration de Qosmos avec les "services" est un secret de Polichinelle. L'un des fondateurs de l'entreprise, Eric Horlait, l'a reconnu à demi-mot en 2011 devant les chercheurs de Paris-VI, dont les mails avaient été interceptés à leur insu.

"Dans le petit monde, tout le monde sait exactement ce qui s'est passé [sur laLibye], mais personne n'a intérêt à le dire", a indiqué M. Horlait, enregistré clandestinement. Le site Reflets, particulièrement bien informé, a publié la transcription. "Allez voir la DGSE en France, avant d'aller voir qui utilise tel ou tel matériel à tel ou tel endroit pour faire telle ou telle chose. Vous connaissez les fabricants des équipements qu'utilise la DGSE pour faire des écoutes légales en France ?"

"Qosmos travaille ou pourrait travailler pour les RG Français ?", demande un chercheur.

"Ecoutez mes propos, vous aurez la réponse, poursuit M. Horlait. C'est un problème de déchiffrage, hein, c'est pas très compliqué. (…...) Il y a eu un énorme marché –– juste pour illustrer les choses ––, la France, je pense que ce que j'ai dit, hein, vous avez la réponse à ta question sur les services français. (…...) Parce que notre beau pays dont on pense qu'il est tout de même raisonnablement démocratique (...…), il faut bien reconnaître que c'est notre pays qui le fait. On a ces gens qui le font au nom de...… Ça se comprend aussi, mais c'est comme ça. Tous les pays, même démocratiques, raisonnablement, ont leurs perversions."

Et de conclure : "Et à un moment donné, quand vous développez des technologies de ce type-là...… Je suis certain, un jour ou l'autre, que lestechnologies de Qosmos se retrouveront dans des usages parfaitement critiquables, sur le plan déontologique. Est-ce que c'est une raison suffisante pour ne pas développer cette société, je n'en sais rien."

CONTRATS SECRETS AVEC LES OPÉRATEURS TÉLÉPHONIQUES

Qosmos travaille avec les opérateurs téléphoniques et les fournisseurs d'accès à Internet, qui doivent connaître le détail des flux de leurs réseaux. L'entreprise se refuse à le confirmer: "Nos contrats sont soumis à des obligations de confidentialité", indique son PDG, Thibaut Bechetoille.

Qosmos a signé en novembre 2010 un contrat avec Commprove, afin d'analyser la qualité de service des réseaux mobiles. "Qosmos traite le réseau comme une véritable base de données, afin d'identifier, de rechercher et d'extraire des données de trafic avec une précision et un niveau de détail inégalés", précise l'entreprise.

Elle avait conclu deux ans plus tôt un partenariat avec I-Tracing pour "collecter, directement au niveau des réseaux des opérateurs télécoms, des informations très fines et très fiables sur les consultations faites sur leurs bases de données", lesquelles"contiennent des informations personnelles très sensibles sur les abonnés".

Source Le Monde du 28.10.2013

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