Nétanyahou “petite fiente” ? Passe d'armes entre Washington et Tel-Aviv après qu'un haut responsable américain a évoqué en des termes cavaliers la “lâcheté” du Premier ministre israélien.
Il a suffi que Jeffrey Goldberg, spécialiste des relations israélo-américaines,révèle dans The Atlantic qu’un haut responsable de l’administration américaine qualifie le Premier ministre israélien de“chickenshit” (petite fiente) pour que les rapports exécrables entre le président Obama et Benyamin Nétanyahou s’étalent au grand jour.
Accusé d’être lâche et de ne se soucier que de sa propre survie politique, le Premier ministre israélien a immédiatement réagi : "Je suis attaqué car je défends [la sécurité] de l’Etat d’Israël”, a déclaré Nétanyahou le 28 octobre devant la Knesset (le Parlement israélien).
Plus incisif, le ministre israélien de l’Economie, Naftali Bennet, a lui accusé l’administration Obama de “jeter Israël sous les roues d'un bus”. Sur Facebook, il a ajouté : “Le président syrien, qui a massacré 150 000 personnes, n’a pas été gratifié du surnom de ‘petite fiente’ ; ni d’ailleurs le roi d’Arabie Saoudite, qui lapide les femmes et les homosexuels, ni le leader iranien qui tue les manifestants pour la liberté?”
Retour à l'envoyeur
Plus surprenante est la réaction de Gideon Levy, le journaliste israélien le plus à gauche de Ha’Aretz – qui n'a pas pour habitude de prendre la défense du gouvernement. Sous le titre, “Mais qui est la véritable ‘petite fiente’ ?”, Levy rappelle les reculades et les petites lâchetés du président américain dans son traitement du dossier moyen-oriental. “En laissant Nétanyahou étendre les colonies et porter un coup fatal à la solution à deux Etats, le président américain a montré que c'est lui qui manque de cran. [...] Obama était destiné à être celui qui changerait la donne au Moyen-Orient. C'est l'espoir qu'il avait annoncé au moment de son élection. Mais il a préféré la lâcheté.”
Mise au point
Le 30 octobre, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a tenu à mettre les choses au clair : "Ce genre de déclaration est honteuse, inacceptable et néfaste. je ne sais pas qui en est à l'origine, mais cette déclaration nous rend les choses plus compliquées."
Cette nouvelle polémique éclate au moment où la tension à Jérusalem connaît une nouvelle poussée, après la tentative d’assassinat le 29 octobre du militant israélien d’extrême droite Yéhouda Glick. Le Palestinien soupçonné d’être l’auteur de cette agression a été tué par l’armée. Le gouvernement israélien a aussi décidé de fermer l'accès à la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem.
Source: Courrier International (30 oct)
Relayé par B. Longere